• Et le metal est né !

     

     

    Et le metal est né !Au premier jour était le blues.

    Musique noire pour jours sombres, au rythme lent et entêtant du désespoir. Guitare sèche pour larmes noires, la colonisation du blues par l'homme blanc fut rarement un succès : le blanc n'était pas encore assez désespéré pour cette musique qui ne lui appartenait pas et ne lui appartiendra jamais vraiment d'ailleurs.

    Puis vint le progrès pour (presque) tous, l'industrialisation galopante imposa au monde un nouveau rythme de vie, rapide, toujours plus rapide. Produire vite, produire plus pour que le capitalisme s'emballe et que quelques privilégiés s'enrichissent encore plus vite.
    D'autres ghettos apparurent, non plus par couleurs mais par classes sociales. Les ghettos ouvriers fleurirent, noirs et blancs.


    Et le metal est né !Le blues des champs de coton lui aussi muta, sans toutefois disparaitre.
    Les Noirs des ghettos prolétaires adaptèrent leur musique au rythme de cette vie plus trépidante et dans les années 1920 le jazz poussa sur les pavés de la Nouvelle-Orléans, de Chicago ou encore de Detroit.

    Si le jazz reste l'expression de la condition noire, les blancs se l'approprieront avec plus de succès cette fois.
    Dans les années 30 la prohibition fera autant pour la consommation d'alcool, qui ne cessa pas, que pour le jazz. Dans les bars, c'était la musique à la mode qui marquait le rejet d'une société trop puritaine, trop codifiée.
    C'est à cette même époque que la drogue apparait dans le monde souterrain des bars sous l'impulsion de la Mafia. Tous les jazzmen n'étaient pas drogués, il est infondé de le penser, mais jazz, alcool clandestin et drogue annonçaient le futur triptyque : sex, drug and rock'n roll.
    En Europe, il faudra attendre la deuxième guerre mondiale et que les boys amènent dans leur cantine le chewing-gum et le jazz. La jeunesse européenne s'emballera pour cette musique dynamique, si décadente aux yeux d'une Europe sclérosée et vieillissante face à la jeune Amérique. Mais le jazz touchera plus les classes bourgeoises que la classe ouvrière.

    L'après-guerre marquera l'évolution galopante des sociétés industrielles où le progrès avance à pas de géant. Les biens de consommation et de loisirs vont exploser, les moyens de communication aussi avec la présence de la TSF dans presque tous les foyers.

    Les 50's marquent un tournant décisif dans les sociétés modernes en général et dans le monde de la musique en particulier : l'apparition du microsillon en vinyle, moins onéreux que les vieux 78T en cire, et qui peut être fabriqué en masse. Les instruments de musique suivent la même évolution et la guitare électrique (dont l'essor commercial date de 1937) solid body telle que nous la connaissons aujourd'hui voit réellement le jour dans les années 50 grâce à Léo Fender.

    Et le metal est né !Des USA, encore, déferlera un nouveau style musical issu du rythm'n blues, du jazz et du country : le rock'n roll.

    Plus rapide, plus violente, cette musique est l'expression d'une jeunesse WASP (White Anglo-Saxon Protestant) qui explose sous le joug du puritanisme ambiant et qui veut jouir vite de la vie et de son confort matériel. C'est la génération Brando, la génération James Dean, vivre jeune, mourir vite. rebelles mais pas encore engagés.
    C'est cette génération là qui marquera les suivantes dans leur recherche de technicité toujours plus poussée pour jouer plus vite, plus fort.

    Mais une autre guerre s'annonce, découlant de la 2ème guerre mondiale, qui va durablement marquer les clivages de la musique telle que nous la connaissons au 21ème siècle : la guerre du Vietnam.
    Pour les plus jeunes, je rappelle qu'après WW2 et le partage des sphères d'influence, 2 conceptions du monde s'affrontent : un capitalisme libéral basé sur le profit et le communisme plus ou moins éclairé. La seule chose que se partagent les 2 blocs est leur soif d'hégémonie.
    Lorsqu'éclate la guerre du Vietnam on est loin de l'enthousiasme patriotique de WW2 et cette guerre sera ressentie comme une guerre coloniale, une guerre d'ingérence et surtout une guerre où les minorités et les plus pauvres sont les plus exposés.
    C'est ainsi qu'elle sera perçue par la jeunesse américaine des campus où les idées maoïstes ont fait leur chemin, puis bientôt par la jeunesse internationale après la diffusion de photos témoignant des horreurs commises sur les populations civiles.

    Cette contestation durera plusieurs années et donnera indirectement naissance à plusieurs courants musicaux qui impriment la musique actuelle : la pop musique, puis le hard rock.

    Et le metal est né !La deuxième moitié des 60's sera hippie. Flower power, drogue sexe et musique affoleront les parents et les autorités américaines, car à coup sur derrière cette contestation se cache la main mise du monstre communiste ! La musique, sous l'effet de la drogue (le LSD sera très en vogue) se fait psychédélique, l'herbe (délicieusement pure à l'époque) détend et fait rêver à un mode meilleur où l'humanisme et la fraternité reprendront leurs droits. Finie les guerres, mais un monde rempli d'amour, de sexe et de fumées odoriférantes. C'est le règne de l'utopie fraternelle. La guitare électrique est présente mais toute en harmonie planante, au début, car vont apparaître des artistes tels Janis Joplin qui n'a plus rien à voir avec la mélodique Joan Baez ou encore Jimmy Hendrix !

    4 étudiants tués par la Garde Nationale Campis de Kent (Ohio)Mais la contestation dure, la répression contre la jeunesse US se fait plus brutale. La musique aussi.
    Pendant ce temps, à travers le monde, la jeunesse bouge, rejetant l'ordre bourgeois d'une société qui campe sur des principes d'un autre temps, d'une autre guerre. La pop musique laisse place à un genre nouveau, à l'image de la jeunesse bouillonnante : le hard rock.

    Des deux côtés de l'Atlantique des musiciens s'affranchissent de l'académisme de leurs aînés et se déchaînent, faisant hurler leurs guitares à l'unisson de la jeunesse.

    Aux USA Jimmy Hendrix enflamme Woodstock, MC5 se fait charger par la police à Washigton.
    En Grande Bretagne naîtront Led Zeppelin, Judas Priest et le groupe Black Sabbath qui posera les fondations d'un genre nouveau : le METAL.

    Et le metal est né !Dans le climat des années 68/70, période contestataire par exellence, il est à noter que le hard rock n'est pas une musique contestataire, mais plus une contestation artistique qui bouscule les conventions musicales et utilise les progrès technologiques pour faire progresser le genre.

    Il faudra attendre la fin des 70's/ 80 pour que le vocable "metal" s'impose. Il englobe aujourd'hui la famille hard-rock.

    Je me sens privilégiée d'avoir vu naître et grandir ce genre qui est aujourd'hui ma passion et de constater que les oiseaux de mauvais augure, qui le condamnèrent dès son apparition, se sont bien plantés !
    Contrairement à d'autres genres ou styles (le disco ou même le rock) qui relèvent plus d'une nostalgie, le metal lui a continué d'évoluer, d'attirer de nouvelles générations et, mieux encore, il est désormais international.

    Long live metal

    elt.de