17 Mars 2021
Je vous disais donc que ce billet ne sera pas à proprement parler une chronique mais plus un compte rendu émotionnel. Car c'est bien ce que cet album a suscité en moi : de l'émotion.
Le visuel est étonnant car dans mon cerveau il ne s'associe pas forcément avec l'appellation "metalcore" : signé Juliette Menant, il est sobre et foutrement élégant et n'est pas sans me rappeler l'épisode du Petit Prince avec sa rose. De la beauté sur le fumier de la vie pour qui regarde avec le cœur. Le graphisme est raccord avec le contenu de l'album.
J'aborde ma découverte en roue libre avec Awareness : petite intro en mode indus avant de débouler dans le vif sujet en mode tout vénère jusqu'à ce que je sois cueillie par une plage mélodique, très mélodique et le répons entre chant hurlé, grognement et un chant clair qui part dans les tons aigus de façon inattendue.
Du coup j'accroche suffisamment pour attaquer Nothing left to See et je me surprends à supporter le scream propre au style, conjugué au chant clair et foutrement agréable de Martin Rembaud. Mais ma grosse surprise vient sur les notes de violon, aériennes, qui soulignent le chant hargneux de Matthieu Baudiment.
La magie opère de suite car cet instrument, inattendu, n'est pas là en tant que gadget, il est totalement incorporé au morceau, de façon parfaitement homogène et lui confère une intensité émotionnelle au-delà du simple plaisir de l'écoute.
Du coup j'aborde cet opus avec beaucoup plus d'attention et Atlantis me cueille à chaud avec son rythme syncopé auquel le violon apporte une petite touche de rythme plus "celtique". Putain ! Mais c'est bon ça ! Intense ! Le toucher de Jules Tijou est léger mais il s'impose dans cette brutalité.
Arrive A la Cendre et à la Neige en mode romance où enfin la guitare se fait vraiment entendre et les deux instruments à cordes sont à l'unisson. Le chant se fait tantôt caressant, tantôt douloureux comme la colère désespérée. Le titre part crescendo, souligné par la basse qui annonce un monologue en français qui me prend aux tripes.
Tout au long des 10 tires que proposent les jeunes Nantais, de Awareness au superbe Swan and Shadows, je parcours un véritable kaléidoscope d'émotions qui me fait oublier les petites imperfections de Shrinking Violet.
Et je dis bien "petites" imperfections car après tout c'est un premier album, merde !
Une batterie un peu trop présente qui a tendance à "écraser" les autres instruments, un léger déséquilibre entre les deux voix sur certains morceaux sont autant de péchés (véniels) de jeunesse.
Il faudrait vraiment être un diptérophile obsessionnel pour bouder le plaisir d'un tel album !
MIRIZØN vous balance d'une émotion à l'autre, vous envoyant tantôt dans un mur dense de décibels pour vous reprendre et vous bercer, juste le temps de vous rebalancer violemment dans ledit mur, comme avec Small War par exemple.
La créativité et la technique du quintet ne font aucun doute et la complexité de leurs compositions expliquent peut-être les petits bémols que j'émets ci-dessus. Ils sont artistiquement ambitieux et je parie une pinte de bière contre une verveine menthe qu'on devrait reparler d'eux très prochainement.
Ma note : 16,8/20
Line up :
• Matthieu Baudiment (chant et chœurs)
• Martin Rambaud (chant, guitare et synthé)
• Jules Tijou (violon)
• Louis Chamballu (basse)
• Antoine Daniel (batterie)