Metal extrême passion d'une profane
En route vers Detroit, Alice Cooper ne sait pas encore qu'il va y faire LA rencontre qui va le propulser au sommet.
Car c'est à Detroit qu'Alice Cooper rencontre Bob Ezrin, musicien et producteur canadien qui est fasciné par ce groupe dérangeant. Bob Ezrin croit au talent musical de cette bande de déjantés et il façonnera avec eux le "son" Alice Cooper. Ensemble ils feront carton plein avec huit albums.
En novembre 1970 sort le single Eighteen qui annonce l'album Love it to death (janvier 1971). Franc succès dans les charts mais en France, pas vraiment à la pointe, le single et l'album reçoivent un accueil encore timide de la part du public.
Mais le succès est amorcé et le groupe peaufine son jeu de scène qui devient résolument macabre et saignant : guillotine, chaise électrique, potence, sabres et boa, tout est réuni pour un show grand guignol.
Novembre 1971 sort Killer qui confirme le groupe auprès du public, avec des titres forts tels Under my wheels, Be my lover ou encore Desperado, un hommage au chanteur Jim Morrison mort cette même année.
Dans la foulée de l'album, Alice Cooper signe avec Warner Bros. qui distribue Straight.
Alice Cooper fait les unes de Best, Rock'n Folk les mags branchés de l'époque. Jean Bernard Hebey le diffuse la nuit sur RTL (je l'écoute sur mon poste en mono, volé mais ça... chuttt ! en espérant que mes vieux ne me gaulent pas !). La tournée européenne assoit la notoriété du groupe sur le vieux continent. Pour le public français qui assiste au concert à l'Espace Cardin en novembre 1971, ça restera un moment... mémorable
Été 1972, ça sent les vacances ce que confirme la sortie d'un nouveau single School's out. Ce sera un tube et le titre séduira les pré-ados qui rejoindront les fans plus âgés (hein ? oui c'est du vécu, j'avais 13 ans !). L'album éponyme qui sort dans la foulée cartonne aussi chez les filles grâce à un coup de pub qui rendra les parents hystériques : en soulevant le dessus du pupitre, une culotte menstruelle en tissu non tissé emballe la galette de vinyle ! L'album School's out cartonne au Top 10 US et il est numéro 1 en Angleterre. Les tournées US et européennes confirment la place désormais incontournable d'Alice Cooper dans le monde du hard rock, et plus tard du heavy metal.
En France il est qualifié de "rock décadent" (à l'instar de David Bowie, l'autre star du moment) car Alice Cooper est devenu le poil à gratter d'une société codifiée, propre sur elle... à condition de ne pas y regarder de trop près. Fini l'humour macabre, il dénonce et appuie là où ça fait mal en piétinant allègrement la bien-pensance, dénonçant les travers peu reluisants de la société américaine et en reléguant le discours hippy au rayon des utopies bisounouresques.
Si doute il y avait, il est rapidement levé avec l'album Billion dollar babies qui sort en février 1973. C'est l'album de la consécration pour Alice Cooper puisqu'il se classera numéro un aux USA et en Grande Bretagne. En France l'accueil du public est tout aussi enthousiaste.
L'album enchaîne les tubes : Hello Hooray (une reprise de Judy Collins), No more Mister Nice guy, Elected et bien sûr Billion dollar babies. Et pour les plus macabres d'entre nous le très malsain I love the dead.
La tournée est à la démesure de l'album, encore plus théâtrale et macabre.
Mais voilà, après la montée vers les sommets il y a la descente et celle-ci peut s'avérer plus rapide et plus brutale.
Muscle of Love sort neuf mois plus tard en novembre 1974. La gestation de trop ? Probablement.
Deux points de vue s'affrontent : celui d'Alice Cooper qui veut aller encore et toujours plus loin et celui des musiciens qui aimeraient mettre un frein au côté trop théâtral du groupe. Fatigue, problèmes de santé et puis aussi la lassitude face à l'enthousiasme hyper actif de leur leader, ces facteurs entrent probablement en jeu dans le fait que cet ultime album reste en deçà des précédents.
On ne peut pas dire que ce soit un mauvais album puisqu'il sera disque d'or aux USA, en Grande-Bretagne, il se classera même au Japon. Mais les précédents furent disques de platine... Muscle of love est percutant, Crazy little child, très jazzy est envoûtant mais la sauce ne prend pas.
La tournée, harassante, sonne le glas pour cette formation qui reste cependant mythique au cœur des fans.
Alice Cooper a marqué et inspiré toute une époque, de ses maquillages à la conceptualisation des shows.
Et si Alice Cooper le groupe est mort, Alice Cooper l'artiste renaîtra de ses cendres tel un phénix pour une carrière solo. A suivre...